Aujourd’hui les écrans sont partout. Un foyer possède en moyenne 5 écrans (smartphone, tablette, télévision, console de jeux, ordinateur) et leur usage représenterait 1/3 de notre temps d’éveil.
L’omniprésence des écrans dans notre quotidien pose aujourd’hui de nombreuses questions et en particulier concernant leur impact sur les enfants et les adolescents. Si ces outils numériques offrent des opportunités (éducation, créativité, communication), leur usage excessif peut avoir des conséquences sur la santé physique, le développement cognitif et le bien-être émotionnel.
L’objectif de cet article est de vous donner des informations clés et des conseils pratiques pour un usage raisonné des écrans en famille.
L’augmentation du temps d’écran chez les enfants et adolescents
En moyenne, un enfant est exposé aux écrans dès l’âge de 4 mois et son temps d’écran ne cesse d’augmenter au fil des années :
- 1/3 des enfants de moins de 2 ans passent plus de 90 minutes par jour derrière un écran;
- Les enfants de 3 à 9 ans ont un temps d’écran supérieur à 1h par jour en semaine et à 2h pendant le week-end ;
- Les adolescents de 10 à 18 ans ont un temps d’écran qui peut monter jusqu’à 6h par jour.
Actuellement, il n’y pas de consensus scientifique quant aux effets des écrans sur les enfants, adolescents car les études sur le sujet sont récentes et en science, il faut 20 ans pour mesurer un impact.
Cependant, la plupart des études menées à travers le monde se rejoignent sur la problématique de l’exposition précoce ou prolongée avec des conséquences négatives prouvées sur le sommeil, la concentration, la vue, le surpoids et, dans les cas les plus grave, de dépression.
⚠️ Les risques physiques
- Sommeil perturbé: la lumière bleue bloque la mélatonine empêchant un bon endormissement. Et ce que l'on fait sur l'écran nous tient éveillé car rien ne s'arrête jamais et le cerveau de comprend pas qu'il doit s'arrêter.
- Augmentation de la myopie : les écrans sollicitent excessivement la vision de près et réduisent le temps passé à l’extérieur qui est essentiel pour le développement de l’œil qui a besoin de la lumière et de l’air extérieur.
- Problème de poids et de sédentarité: un enfant sur trois n'a pas assez d'activité physique. Le temps passé derrière les écrans est du temps qui n'est pas utilisé par l'enfant pour se dépenser à l'extérieur. Par ailleurs, les enfants qui mangent derrière un écran se remplissent car ils n'ont pas conscience de ce qu'ils mangent (et il en va de même pour nous, adultes). Et c'est un vrai problème car l'enfant n'a pas le plaisir de manger et ne connait pas sa faim, sa satiété.
🧠 Impact sur le développement cognitif
- Retard de langage: les tout-petits ont besoin d'interactions humaines pour apprendre à parler. Le langage du bébé s'inscrit dans le regard des parents et en jouant. Plus les écrans sont présents dans la vie des tout-petits, plus ils tardent à parler (langage pauvre, mal structuré voire absence de langage).
- Difficultés d'attention et d'apprentissage: un excès d'écran réduit la capacité à se concentrer et à retenir l'information. En effet, le rythme rapide et saccadé des vidéos actuelles conditionne le cerveau à une sur-stimulation qui peut conduire, plus tard, à des problèmes d'attention et de concentration sur des tâches qui prennent du temps comme la lecture ou l'écriture par exemple. De plus, lorsque l'enfant joue, explore, il décide de porter son attention sur l'objet de son jeu, de son exploration et ce, pendant un temps déterminé. Lorsqu'il est derrière un écran, son attention est captée passivement et de façon involontaire. Il n'y a donc aucun effort consenti.
- Altération de la mémoire: le cerveau a besoin de manipuler, d'écrire, de lire des vrais livres. Quand on lit un livre, on a une mémoire visuelle (j'ai lu ça sur telle page, à tel endroit) et lorsqu'on écrit, on active la mémoire kinesthésique. Ces mémoires-là, on ne les a pas sur une tablette, sur un écran.
😟 Effets sur le bien-être émotionnel
- Moins d'interactions sociales qui sont essentielles: les écrans réduisent les échanges en famille. Quand les parents utilisent leur appareil numérique, ils n'ont pas d'interactions avec leur enfant car ils sont occupés à autre chose. Et cela commence dès la maternité. Si on ne regarde pas bien le bébé et qu'on regarde beaucoup le portable ou la télévision, il y aura de mauvaises interactions.
- Baisse de l'estime de soi: en particulier chez les jeunes filles qui se comparent à des images retouchées sur les réseaux.
- Angoisse et anxiété: la surexposition aux contenus anxiogènes peut amplifier les troubles de l'humeur. Plusieurs études montrent, en effet, une association entre le temps passé sur les réseaux sociaux et la santé mentale. Plus les adolescents passent de temps sur les plateformes, moins bien ils vont. L'anxiété, la dépression et les baisses d'humeur grimpent. Cela ne veut toutefois pas dire que les applications causent directement cette dégradation. "Ce lien peut aller dans les deux sens: si on se sent plus anxieux, on va passer plus de temps sur Instagram ou TikTok." détaille Luisa Fassi.
Les réseaux sociaux et les jeux vidéo : danger ou opportunité ?
À l’adolescence, les écrans deviennent un véritable outil de socialisation. En effet, 99% des ados ont un téléphone à partir de 13-14 ans et 70% d'entre-eux utilisent les réseaux sociaux quotidiennement. L’activité la plus pratiquée des 11-18 ans est d'ailleurs la discussion entre amis ou avec la famille (selon l’étude #Génération2024). Instagram, Snapchat, TikTok et YouTube font partie des plateformes les plus utilisées. Si ces espaces permettent d’échanger, de s’informer et de se divertir, ils présentent aussi des risques :
- Addiction et perte de contrôle du temps passé en ligne : le circuit de la récompense est stimulé par les likes et notifications et cela pousse notre cerveau à en vouloir toujours plus. D’où la perte de contrôle quant au temps passé sur les réseaux sociaux.
- Exposition aux fake news et aux contenus inappropriés: les réseaux sociaux représentent le canal d’information essentiel de nos ados.
- Impact sur l’image de soi et risque de comparaison excessive et particulièrement chez les jeunes filles.
- Augmentation des cas de cyberharcèlement.
Les jeux vidéo, bien que souvent critiqués, offrent aussi des avantages cognitifs et sociaux lorsqu’ils sont bien encadrés. Cependant, une utilisation excessive peut entraîner une addiction, un isolement, des troubles de la concentration et avoir un impact sur la scolarité.
Comment accompagner nos enfants vers un usage raisonné ?
L’usage des écrans ne va pas disparaître. Que du contraire. Il est donc nécessaire d’accompagner les tout-petits et d’apprendre à nos enfants/adolescents à s’en servir de façon intelligente et à en faire des amis plutôt que des ennemis.
Le problème sur lequel tout le monde s’accorde c’est sur le temps excessif passé derrière les écrans et donc le temps perdu pour faire autre chose. Un enfant d’aujourd’hui a toujours les mêmes besoins qu’il y a 20 ou 30 ans à savoir : besoin de jouer, de se dépenser, d’être en interaction avec les autres et notamment avec ses parents.
Par ailleurs, le problème n’est pas les écrans en soi mais plutôt ce que l’on regarde. La collaboration avec l’enfant pour choisir ce qu’il regarde est essentielle. Le dialogue intrafamilial quant à l’usage de ces outils est capital.
Et là où il faut tirer la sonnette d’alarme c’est quand l’usage devient problématique et impacte le quotidien des familles.
Temps d’écran recommandé selon l’âge
Avant 3 ans : Éviter les écrans autant que possible. Le bébé entre 0 et 2-3 ans est fait pour percevoir l’environnement autour de lui, pour apprendre à voir, entendre, toucher, manipuler, mettre en relation ce qu’il perçoit et les gestes qu’il va faire. Et tout ça en compagnie d’un adulte avec qui il peut interagir. C’est crucial pour le développement de l’intelligence de l’enfant qui est sensori-motrice.
3-6 ans : Max 1h/jour, avec un adulte. L’écran n’apporte rien avant 6 ans. Privilégiez le jeu à plusieurs ou en famille autant que possible.
6-12 ans : Max 2h/jour, choisir des contenus adaptés. A partir de 9 ans, il est important d'expliquer les dangers d’Internet et d’échanger avec les enfants sur la notion de droit à l’image et à l’intimité. Et à partir de 12 ans, on peut laisser un enfant naviguer seul sur le web à condition qu’il ait bien intégré les risques et de l'avoir informé sur les dangers de la pornographie et du harcèlement.
Ados (12-18 ans) : Encadrer l’usage et favoriser les discussions sur les réseaux sociaux. Ne pas juste leur dire qu’ils sont passifs et manipulés mais refaire le chemin avec eux: « Regarde la photo que tu as postée là, tu as mis des filtres. Il faut te rendre compte que les autres font exactement pareil que toi et que donc, ce n’est pas la réalité ».
Les bonnes pratiques en famille
- Les 4 P pour un usage équilibré :
- Pas d’écrans le matin.
- Pas d’écrans pendant les repas.
- Pas d’écrans dans les chambres.
- Pas d’écrans avant le coucher (minimum 1h avant).
- Encourager d’autres activités : sport, jeux, lecture, cuisine, marche, etc. Des activités pendant lesquelles on n’utilise pas son téléphone.
- Fixer des règles claires : temps limité, contenus adaptés, contrôle parental. A partir de 9 ans, on peut proposer aux enfants de mentionner dans un carnet leur temps d'écran pour qu'ils prennent conscience du temps réel passé derrière ceux-ci.
Les parents doivent montrer l’exemple !
- Un enfant imite ce qu'il voit: si les parents sont toujours sur leur téléphone, l'enfant fera pareil.
- Eviter de consulter son téléphone en permanence, notamment pendant les moments en famille.
Conclusion
Les écrans ne sont pas mauvais en soi mais leur usage précoce et excessif est problématique. Le temps passé derrière les écrans est du temps perdu pour faire autre chose et notamment être à l'extérieur.
Accompagner les enfants et fixer des règles claires permet une utilisation bénéfique et équilibrée.
Et le plus important, intéressez-vous à la pratique numérique de vos enfants en engageant le dialogue et en accompagnant leurs découvertes. Echanger est la clé.
N'hésitez pas à me contacter si vous avez des questions ou si souhaitez des références de livres, podcast, émissions sur le sujet. 😊
Sophie
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